Les négociations entre la Grèce et ses créanciers ont repris dans un climat tendu lundi 4 avril, suite à la fuite par Wikileaks d’une conversation privée entre deux représentants du FMI sur l’état des discussions.
April 5, 2016
La presse grecque l’appelle le “FMIgate” : samedi 2 avril, WikiLeaks a dévoilé le contenu d’une conversation entre deux responsables du Fonds monétaire international sur l’état des négociations avec Athènes, qui ont repris lundi 4 avril.
“Les discussions qui [ont commencé lundi] vont avoir lieu dans un climat négatif, à l’heure où le consensus et la bonne coopération afin de combler les différences majeures sont essentielles pour les négociations”, se désole I Kathimerini. La première entrevue de lundi 4 avril n’a duré que quatre-vingts minutes,“dans un climat particulièrement froid”, ajoute To Vima.
Une conversation qui dérange
La fuite implique une téléconférence du 19 mars entre Poul Thomsen, chef du département Europe du FMI, et Delia Velculescu, chef de mission du FMI pour la Grèce. WikiLeaks rapporte :
"Thomsen a dit […] que la menace d’une catastrophe financière est nécessaire pour forcer les autres partis à prendre une décision. [Ceci implique] pour l’Allemagne d’accepter un allègement de la dette et, pour la Grèce, d’accepter les mesures d’austérité du FMI […]."
Ces “mesures d’austérité”, principaux points de mésentente, concernent les retraites et la réforme fiscale.“Si [le gouvernement grec] sentait plus de pression, ils [adopteraient notre vision]… Mais ils n’ont aucune incitation parce qu’ils savent que la Commission [européenne] est ouverte au compromis, c’est le problème”, a déclaré Delia Velculescu.
En effet, chacun compte bien garder ses positions : I Kathimerini rapporte les propos d’un Premier ministre grec agacé lundi 4 avril au soir :
"Le FMI nie l’accord que l’on a signé en juillet [2015] et demande encore plus de mesures […]. Nous sommes arrivés à notre limite politique [avec cet] accord. Nous nous y tiendrons ; nous ne ferons pas plus, pas moins. Il est paradoxal qu’ils veuillent la dissolution de la Grèce et de l’Europe, tout ça parce qu’ils ne peuvent reconnaître leur échec."
De son côté, le ministre de l’Economie allemand Wolfgang Schäuble a affirmé qu’il n’envisageait pas d’allègement de la dette grecque, précise To Vima.
Le FMI contre-attaque
Le gouvernement grec a exigé dans la foulée des explications sur ce plan impliquant le défaut du pays comme moyen de pression. La directrice du FMI Christine Lagarde a répondu dimanche 3 avril via une lettre publique :
"Bien sûr, toute spéculation sur le fait que les équipes du FMI envisageraient d’utiliser un événement de crédit comme tactique de négociation est simplement absurde. […] Le FMI conduit ses négociations de bonne foi, pas par des menaces, et nous ne communiquons pas par l’intermédiaire de fuites."
Elle a aussi demandé à ce que les autorités grecques“assurent un environnement qui respecte le caractère privé des discussions internes” des représentants du FMI venant en Grèce. Cet élément, selon I Kathimerini, suggère que“le Fonds considère Athènes responsable de ces fuites”, ce que le gouvernement grec a démenti ce week-end.
Cette revue de presse a été publiée sur Courrier International.